Mardi 28 mai : Quelle écologie politique pour demain ?
- 15/05/2024
- 2 document(s) lié(s)
10h-17h - Amphi J. ELLUL, PJJ, Bordeaux.
les organisateurs : Thierry Dominici (MCF, IRM-Université de Bordeaux) et Gauthier Simon (Doctorant, IRM-Université de Bordeaux)
Aujourd’hui, la question de l’urgence écologique traverse nos sociétés, comme si nous étions rattrapés par les maux générés par nos révolutions techno-industrielles. Les rapports du GIEC montrent chaque fois que les phénomènes de dégradation de l’environnement sont intrinsèquement liés à nos activités économiques. Certains parlent même de capitalocène ou plus communément d’anthropocène.
Il suffit d’observer, devant nous l’ampleur du phénomène, avec la pollution des océans et de l’eau potable, ou avec la plastification des terres et des organismes, les accidents nucléaires, ou simplement le changement climatique et les vortex polaires, les gaz à effet de serre et les trous dans la couche d’ozone, ou avec les déforestations, les feux de forêts, la désertification, l’érosion et la destruction des sols, l’extinction massive de la biodiversité et enfin avec l’apparition de nouvelles pandémies.
De fait, un tel bilan contraint de plus en plus les démocraties libérales (et illibérales) actuelles à penser (ou à nier) la crise écologique qui bouleverse notre modèle social. Mais rien ne semble tendre vers une écologie politique, qui se présente en sciences sociales comme le cinquième grand discours sur la modernité, après l’anarchisme, le communisme, le socialisme et le libéralisme. Cependant dès son apparition dans le champ politique, dans les années 1980, l’écologie politique a été jugée par une grande majorité des démocraties comme une simple utopie irréalisable, car anti-productiviste et donc contraire à la philosophie du libre marché qui orchestre nos vies quotidiennes. Ce qui fait, que sur le plan du projet politique, l’écologie a été ignorée par le jeu démocratique et républicain de nos sociétés pluralistes. Certes, ce phénomène est systémique, en effet, peu de discours sur la modernité ont résisté à l’hégémonie néolibérale. En revanche, le plus étrange est de voir que l’écologie est encore en 2024 considérée comme une branche des sciences naturelles, au lieu d’être appréhendée comme un projet de société, c’est-à-dire comme une utopie réelle au sens d’Erik Olin Wright[1]. L’écologie politique est aussi une perspective du possible[2] en dehors du système néo-libéral. L’urgence écologique ouvre sur des nouveaux défis socio-politiques, l’ensemble des champs (sociaux, politiques, scientifiques, artistiques, etc..) et nos sociétés pluralistes sont dans l’obligation, pour faire face au changement, d’élaborer de nouveaux paradigmes, mêlant et entremêlant éthique et dialectique et proposant des scénarii ou des utopies réelles comme alternatives au monde actuel qui s’étiole.
L’objectif de cette journée d’étude organisée par l’Institut de recherche Montesquieu (IRM) est de réunir dans un cadre pluridisciplinaire différents chercheurs (politistes, juristes et économistes) de l’Université de Bordeaux et des chercheurs extérieurs qui travaillent sur ces questions sur les plans philosophique, institutionnel, juridique, politique et économique. Ces regards croisés, ainsi que la comparaison et l’interdisciplinarité ne permettront pas d’imaginer comment nos sociétés peuvent s’adapter sociologiquement, institutionnelle, pénalement, idéologiquement et systémiquement à ce changement, mais d’aborder l’idée que l’écologie politique à venir est l’enjeu démocratique de premier ordre du XXIe siècle.